22 Mars 2018
Samedi soir.
Il fait moche, il fait triste, la pluie encercle la ville de Cagliari, c'est le printemps ... Parait-il .
A ce rythme là c'est la déprime assurée !
Je suis venue en Sardaigne pour le climat, mais là, on repassera !
Une soirée seule devant mon petit écran ou sous la couette ne m'enchante pas du tout... Soudain je me souviens. J'ai eu une invitation cette semaine pour participer à une chorale moderne. Mon amie m'a juste dit :
"Viens faire un tour, tu verras par toi même".
J'aime chanter, certes, mais chanter les fariboles italiennes, non merci ! Pour moi la langue de la bonne musique, celle qui swingue, c'est l'anglais... Mais bon, plutôt que de me morfondre chez moi, je fais fi de mes grands principes et me décide à rejoindre ce chœur. Au moins je verrai de nouvelles têtes.
Allez, c'est décidé, chantons sous la pluie ... de toute façon ça ne pourra pas être pire !
J'arrive au 30 de la rue Murat. Je sonne. Déjà chose peu commune, c'est une maison particulière et non une salle communale, une école ou que sais-je...
Je suis accueillie par une jeune fille, suivie de près par deux adorables chiens qui ont déjà commencé leur concert... hum... ça promet !
La salle de séjour est chaude et accueillante, il y règne un gentil désordre.
L'un s'essaye au piano, l'autre déballe un gâteau qu'il pose sur un pseudo buffet, une troisième sort une bouteille de vin l'air ravi. Un petit groupe de femmes assises sur le divan, discute à bâton rompu de sport, de promenade... Alors que du côté des hommes c'est plutôt de bouffe qu'il s'agit... Ca sonne encore à la porte. D'autres arrivent, s'embrassent, un éclat de rire déchire la pièce...
Mais où suis-je? Ai-je bien compris? Est-il vraiment question de chorale ici? On dirait plutôt qu'on prépare un banquet.
Le chef de chœur me souhaite la bienvenue. Elle nous demande de nous installer, attend que chacun se décide à laisser tomber sa conversation, et commence l'échauffement vocal.
On monte et descend les gammes, mais surtout on fait de drôles de bruits avec la bouche, c'est du chant ça? Bizarre ! Mais tout le monde s'exécute et semble trouver ça normal... alors je m'y mets aussi. Le ridicule ne tue pas !
Là il est question de diaphragme, de colonne d'air, de respiration, de tenue de note, de colonne cervicale... Est-ce un nouveau cours de vocabulaire, ou suis-je tout simplement en train de découvrir mon propre corps...?
Quinze minutes plus tard, nous entrons dans le vif du sujet.
LE CHANT
L'essaim d'abeilles se remet en branle (ou devrais-je dire le poulailler...parce que croyez moi ça caquète dur !). Le chef de chœur patiente, patiente, patiente...
La musique est prête.
Les choristes, non.
Mais elle donne le départ malgré tout...
Evidemment départ raté, mais cette fois tout le monde se tait. Une choriste m'a prise sous son aile et partage sa partition avec moi m'expliquant par signe où nous devons chanter et où nous devons nous taire. Je prends donc le train en marche et...
Surprise !
Je m'éclate !
Premiere chanson "Take on me" qui est encore au stade d'apprentissage. Dès les premières mesures, je suis prise d'une furieuse envie de danser, mes pieds s'impatientent, ma tête bat la mesure, ma voix au début timide, s'amplifie, je pousse le volume à fond et je m'en donne à cœur joie. J'avoue n'avoir aucun complexe, je suis entrainée par ce groupe hétéroclite qui n'a pas seulement pris leur chorale au sérieux, mais qui partage surtout une véritable passion , on les sent vibrer au rythme de la musique, emporter par les notes. Oui, évidemment... il y a quelques fausses notes parfois ici et là ; mais il y a une telle communion entre eux, un tel plaisir, que fausses notes ou pas, on a envie d'aller plus loin. Le chef de chœur nous fait recommencer encore et encore, elle n'est pas tout à fait satisfaite, ce n'est pas grave, on s'y remet, une fois, deux fois, dix fois, personne ne rechigne.
Et passent les heures....
Et défilent les chansons.
"Counting stars" succède à "Bohemian rapshody", puis "Adiemus" que je découvre, "Zombie", "All you need is love" .... Ma parole, ils ont un répertoire vraiment sympathique !
Et on chante, on chante, on chante....
Enfin ça discute aussi beaucoup. J'ai l'impression d'être retournée à l'école et de me retrouver dans la classe la plus dissipée de l'établissement.... Elle est d'une patience cette chef de chœur ! Même s' il arrive quelquefois de sentir une pointe d'agacement dans sa voix... mais en règle générale elle en rit aussitôt... Elle me plait... Ils me plaisent tous en fait. Les hommes sont peu nombreux et le chef de chœur semble se reposer un peu sur l'un d'eux, autour de qui les voix masculines se regroupent. Ils sont appliqués.
Côté féminin, deux solistes se partagent les morceaux un peu plus difficiles, supportées par le chœur qui n'a qu'une idée en tête: chanter coûte que coûte....
Que la musique soit....!
Enfin, la chef s'arrête de remuer des bras.
"Allez, nous nous arrêtons là pour aujourd'hui..."
Quoi? Déjà? Nonnnnn!!! "encore une!!!" Ai-je envie de scander à tue-tête.
Mais voilà déjà deux heures que nous nous époumonons. La chef est morte, ça se voit.... Alors on se résout à "décrocher"... Enfin pas vraiment , parce que s'il y en a qui prennent d'assaut le "buffet" où l'apéro les attend, d'autres se sont déjà emparés qui, des micros, qui du piano, qui de l'ordinateur... et ça rechante messieurs dames, ça gazouille, ça roucoule, ça vocalise, mais ça ne s'arrête donc jamais !
A 23h30 nous sommes encore dans cet antre de la musique à chanter, danser, discuter, manger, et tout cela sous le regard bienveillant des maîtres de séants qui ne sont autres que notre chef de chœur et son mari qui ponctue la soirée de son rire tonitruant entrainant dans un pas de danse la première qui lui passe sous la main...
Ici on sait prendre du plaisir ... Je rentre chez moi, des étoiles plein les yeux, des chansons plein la tête, la gorge en feu d'avoir trop chanté et surtout la promesse de lendemains meilleurs et de samedis enchanteurs.
J'ai découvert un chœur atypique, il répond au nom prometteur des WINGS, et croyez moi, si on s'amuse beaucoup, on y travaille dur ! Qui a dit que travail ne rimait pas avec plaisir?...
Je vous le dis, si vous n'avez pas les moyens de voyager, de sortir vous amuser, si vous êtes seuls, alors il n'y a qu'une adresse où vous trouverez en plus des chansons, une famille, prête à vous accueillir, qui vous fera voyager d'Afrique en Amérique au rythme de la musique....
Venez nombreux, ici nul besoin de savoir lire une partition, de prendre rendez-vous, ou de s'entrainer avant , il vous suffit seulement d'écouter cette...." putain de musique !"
Bon vol LE WINGS !
Le secret du chant réside entre la vibration de la voix de celui qui chante et des battements de coeur de celui qui écoute.