17 Août 2019
IL est un fleuve , calme et limpide, rapide et tumultueux . Un fleuve capricieux, généreux , puissant. Un fleuve qui a donné vie à une civilisation brillante, un véritable Don: Le Nil...
Arrivée de nuit à l'aéroport , les yeux ensommeillés, brouillés par la fatigue du voyage, je grimpe à bord du bateau sans presque m'en apercevoir et me jette dans mon lit. Au petit matin, je me réveille, affamée et assoiffée, pas tant de nourritures terrestres, mais de nourritures spirituelles...l'Egypte.
Voilà 3 fois que je visite ce pays magnifique et mon émotion est toujours plus grande...L'Egypte m' ensorcelle, me surprend, m' enchante. Son histoire, ses pharaons, ses temples... mais c'est pour son Nil, la colonne vertébrale de cette terre, que je suis venue cette fois ci.
Je monte sur le pont, espérant dégoter un café au passage, et là...
De battre, mon cœur s'est arrêté. Un frisson soudain me parcourt. Le bateau glisse doucement sur les eaux sombres du Nil. Un silence retentissant enveloppe notre embarcation. Le soleil est déjà haut , brûlant de ses rayons puissants la moindre parcelle de ma peau exposée. La fragile brise matinale caresse mes cheveux... Je suis debout, accoudée au bastingage, je me laisse pénétrée pas la paix de ce moment, ce calme, cette sérénité, il n'y a qu'ici qu'on éprouve ce sentiment. Cette façon d'échapper aux tourbillons de la vie, de se laisser aller, de se laisser porter... La vie au rythme du Nil. Difficile de décrire mon trouble, il faut le vivre, ressentir cette atmosphère couler dans ses veines pour comprendre.
Assouan et ses felouques... le ballet des voiles sur l'eau allant et venant d'un bord à l'autre, à l'infini,
Je décide de monter à bord d' une de ses embarcations et toutes voiles dehors, nous naviguons entre les îlots , dans la réserve naturelle. Au gré de son humeur le Nil nous exhibe ses richesses ou se fait plus avare....
Au détours d'un îlot un héron au long bec se désaltère, tourne nonchalamment la tête vers nous et retourne à son occupation, presque courroucé d'avoir été interrompu. Une plage de sable fin surgit de nulle part. La musique de la nature nous enchante : le gazouillis des oiseaux, le clapotis de l'eau, la voile de la Felouque se gonflant et se dégonflant tour à tour, le bruit du vent dans les branches des arbres endormis d'un profond sommeil, celui de la brise dans les roseaux à moitié immergés semblant chanter une envoûtante mélodie, tel le chant des sirènes qui attiraient les marins... Nous les observons de loin... Là ce sont des mauvais courants me dit-on, le Nil se fait moins accueillant, plus impétueux, il a du caractère, protège farouchement sa faune: les hérons, les poissons chats, les hirondelles, les rousseroles, les bulbuls des jardins qui laissent filtrer leur chant flûté....le paysage sonore est aussi intéressant que celui qui remplit nos yeux, pour celui qui sait écouter le silence.
Qu'il est doux de se laisser bercer par le clapotis de l'eau, de profiter de la fraîcheur du fleuve. Là deux buffles se prélassent dans le courant, ici, perdus au milieu de l'eau, un frêle esquif porte deux pêcheurs qui tentent de ramener du poisson. Soudain des rires d' enfants jouant au bord de l'eau, s'éclaboussant, déchirent la torpeur de l'après midi. Ici passé et présent se confondent. Il ne me surprendrait pas de voir sur la rive des femmes à demi voilées, une cruche sur la tête, venues s'approvisionner en eau pour le repas, ou encore quelques prêtres en robe blanche pratiquant une quelconque cérémonie ... La paix, le calme, la sérénité... Tout à coup un mur de sable se dresse... Il est là, de son œil impitoyable le désert aride veille. Un désert où seuls lézards et serpents survivent. Il a été le témoin d'une histoire tourmentée, et si le Nil a rendu la vie possible sur cette terre d'Islam, la lutte entre le fleuve et le sable persiste. Le désert tente de reprendre ses droits sur Hâpy (comme l'avait surnommé les Égyptiens) .
Là, tout n'est que lutte, cruauté , sécheresse...
Ici, luxuriance, vie, générosité, mystère....
Une dualité qui se ressent jusque dans le caractère de son peuple, dans sa langue aux sons rudes et musicaux.
Ce séjour sur le Nil me laisse un indicible parfum d'éternité , il me semble enfin toucher du doigt la véritable nature de cette terre pharaonique.